Page:Discours de Maximilien Robespierre sur la guerre.djvu/22

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les connoissent, démentent tout ce qu’on nous raconte de l’ardeur avec laquelle elles soupirent après notre constitution et nos armées. Avant que les effets de notre révolution se fassent sentir chez les nations étrangères, il faut qu’elle soit consolidée. Vouloir leur donner la liberté avant de l’avoir nous-mêmes conquise, c’est assurer à la fois notre servitude et celle du monde entier ; c’est se former des choses une idée exagérée et absurde, de penser que, dès le moment où un peuple se donne une constitution, tous les autres répondent au même instant à ce signal. L’exemple de l’Amérique, que vous avez cité, auroit-il suffi pour briser nos fers, si le temps et le concours des plus heureuses circonstances n’avoient amené insensiblement cette révolution ? La déclaration des droits n’est point la lumière du soleil qui éclaire au même instant tous les hommes ; ce n’est point la foudre qui frappe en même-temps tous les trônes. Il est plus facile de l’écrire sur le papier ou de la graver sur l’airain, que de rétablir dans le cœur des hommes ses sacrés caractères effacés par l’ignorance, par les passions et le despotisme. Que dis-je ? n’est-elle pas tous les jours méconnue, foulée aux pieds, ignorée même parmi vous qui l’avez promulguée ?