Page:Dom Bougre aux États-généraux, ou Doléances du portier des Chartreux, 1791.djvu/14

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ſon bouc foutre ſa chêvre, rebande & va prendre la place du bouc… torva tuentibus hircis[ws 1] . Les pauvres enfans ! les parlemens les font impitoyablement brûler, hélas ! il falloit ſeulement leur donner des filles, ou les marier !

Le remede à ce mal n’eſt pas facile à trouver, ſi ce n’eſt d’ordonner ma loi : que tout berger chargé de conduire un troupeau de chêvres, de vaches, ou de brébis, mènera ſa bergère avec lui aux champs.



CHAPITRE IV.

De l’Inceste.


Il y a à parier que Caën, Abel, & les autres enfans d’Adam, ont foutu leurs ſœurs ; ſans cela la poſtérité du bon-homme eut été bientôt éteinte.

L’inceſte n’eſt donc pas un crime contre nature, il eſt au contraire dans la nature. Ce ſont nos loix civiles qui le défendent. Or, il n’eſt rien de ſi facile que de l’éluder la loi civile. C’eſt de baiſer en cachette & d’être diſcret.

Voilà le grand raiſonnement des frères qui voyent une jolie ſœur, dévorée du déſir de perdre ſon pucelage, & qui craignent de ſe voir ſupplantés par un maître de danſe ou par un laquais. Le raiſonnement eſt-il bon ? je l’ignore, j’ai toujours beaucoup plus foutu que raiſonné ; on voit dans mon hiſtoire que j’y ai fait paſſer le con de ma mère & de ma ſœur. C’eſt encore là un moyen de ſéduction des frères ; ils font lire à leurs ſœurs, elles s’échauffent, on ne les ſoupçonne pas, ils ſont ſeuls ; le frère uſe d’un peu de violence, & voilà l’amour fraternel en poſ-

  1. La sinistre décence