Page:Dorgelès - Les Croix de bois.djvu/68

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Fouillard, que j’entendais depuis un moment crier dans sa tanière, vient de se montrer sur la porte, ses bras nus noirs de suie et luisants de graisse ; de ses souliers délacés à ses cheveux en broussaille, on ne trouverait pas, même en cherchant bien, un endroit à salir. Sa peau, son linge, son pantalon, tout est gras, maculé, et quand, d’un geste familier, il se passe les paumes sur les reins, pour les essuyer, on se demande lequel va tacher l’autre, de son fond de culotte ou de ses mains. Il nous dévisage un instant avec sévérité, fouille le jardin d’un regard méfiant, et crie :

— Quel est le salaud qui m’a calotté mon seau ?

Mon premier mouvement a été de me lever, pour lui restituer l’objet. Mais non, je suis vraiment trop bien. Je me trouve encore mieux assis, depuis qu’on veut me le prendre. Le bien-être me paralyse.

— J’peux pourtant pas aller chercher de la flotte dans mes godasses ! braille le cuistot.

Oh ! non, cela ne serait pas à conseiller. Pourtant je serre hypocritement les genoux pour cacher mon siège, et je regarde innocemment Fouillard déchaîné qui hurle sa fureur impuissante :

— Tas de vaches !… Puis après tout, j’m’en colle. J’vous laisse tomber avec votre cuistance, s’il y en a un qui veut la place, il n’a qu’à aller se faire inscrire au burlingue.



Nous devons faire un bel ensemble, les quatre sections en carré, en ligne sur deux rangs.

Pas deux tenues qui se ressemblent. Sauf les derniers