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VENGEANCE FATALE

— Si cet homme ne les quitte pas, dit Puivert, cela leur donne un homme de plus.

— Après tout, reprit Darcy, nous n’en serons pas moins à nombre égal de chaque côté et comme ils ne s’attendent pas probablement à nous rencontrer sur leur route, nous ne pouvons manquer d’avoir l’avantage sur eux.

— Ils doivent tout de même être en éveil ; les scènes qui ont eu lieu aujourd’hui doivent avoir diminué quelque peu leur sécurité et ils ne sauraient entreprendre une pareille excursion, sans se munir, en même temps, de moyens de défense en cas d’une attaque.

— C’est ce que nous verrons, fit nonchalamment Darcy. Mais pourquoi vous arrêter ici ? continua-t-il en s’adressant à Edmond, qui conduisait le cheval.

— Parce que nous n’irons pas plus loin, répondit celui-ci.

— Comment ! entendez-vous passer l’après-midi dans cette sale auberge ? Pour moi, j’y renonce.

— Mais c’est justement ce qu’il nous faut. Nous devons nous dérober à leur surveillance quelque part. Nous les attendrons ici. Ils ne se douteront probablement pas que nous ayons choisi ce taudis pour nous y abrutir toute une après-midi, lors même qu’ils seraient instruits du fait que nous suivons le même chemin qu’eux. J’avoue que cette auberge n’est pas un agréable lieu de récréation, mais nous ne pouvons être mieux postés pour les surprendre, attendu qu’ils ne reviendront probablement de leur excursion qu’à une heure où il fera déjà sombre, et cet hôtel est, comme vous voyez, assez éloigné de toute habitation. Entrons immédiatement car l’on commence à nous remarquer,