Page:Dorion - Vengeance fatale, 1893.djvu/39

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.
39
VENGEANCE FATALE

qu’il se sentit frapper sur l’épaule. Il se retourna aussitôt.

— Depuis quand êtes-vous en ville ? lui demanda celui qui s’était permis cette accolade amicale ?

— Depuis hier soir. Vous êtes matineux, M. Marceau ; je vous avouerai que je ne comptais rencontrer guère que les gens qui se rendent au marché ou à leur travail.

— Je me lève toujours vers cette heure ; mais je ne crois pas que ce soit une coutume chez vous, n’est-ce pas ?

— Vous, avez raison, ce matin j’ai dérogé à mes habitudes.

— Quel bon vent vous a poussé du côté de Montréal ? serait-ce par hasard, comme je le suppose, le bal de mademoiselle Darcy ?

— Non, je n’en savais absolument rien et vous êtes le premier à m’en parler. À propos, on dit que vous vous mariez ?

— Et avec qui donc ?

— Avec l’aînée des demoiselles Darcy, je crois.

— On l’a dit, mais on ne le dira plus.

— Mais dites donc, Edmond, ne pourriez-vous pas me procurer une invitation à ce bal ?

— Oui, je le pourrais, sans doute, mais dans le moment, vous comprendrez que je préfère ne pas être chargé de demandes semblables, et cela justement parce que je n’épouse plus Mademoiselle Darcy. Si vous vous adressiez à M. Hervart…

— En effet, vous avez raison. Salut donc, je m’en vais réveiller ce paresseux de Louis, qui doit dormir encore. Et tous deux se séparèrent.