Page:Dorion - Vengeance fatale, 1893.djvu/81

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.
81
VENGEANCE FATALE

et il l’avait placé dans une bonne école où, malheureusement, Victor ne fit rien pour s’instruire. Le père de Victor valait mieux que son épouse ; aussi cherchait-il à le soustraire autant que possible à l’influence de sa mère qui, malgré ses déclarations d’honnêteté, n’avait jamais guère vécu que dans le vice et la débauche.

Naturellement paresseux, ne voulant rien apprendre et déjà débauché, Victor fréquenta de bonne heure les tavernes et les maisons de jeu, où il fit la connaissance de Narcisse dont il devint l’ami, quoique d’un caractère un peu différent. Aussi le bijoutier, sans briser avec les habitudes d’une vie déréglée, mais voulant néanmoins paraître convenablement en société et jouir d’une bonne réputation, avait-il commencé à diminuer ses visites chez la mère Dupuis et à écarter Victor, ce que celui-ci lui reprochait souvent.

Maintenant assistons à l’entretien des deux filous.

Narcisse avait violemment ouvert la porte de la chambre où était Victor.

Celui-ci était nonchalamment étendu sur son lit, et sommeillait légèrement en attendant le souper.

Il s’éveilla en faisant un soubresaut, mais il se remit en voyant Narcisse.

— Tiens, dit-il, bonjour Narcisse, quel vent t’a donc poussé ici ce soir ? Il y a longtemps qu’on ne t’a pas vu.

— C’est que je n’avais pas de temps à perdre, répondit Narcisse ; depuis quelques temps, je mûrissais un projet que je viens de mettre à exécution.

— Et quel est ce projet ?