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VENGEANCE FATALE

céleur sur lequel je pourrais compter sans crainte d’être dévoilé, le coup serait bientôt fait et en même temps j’ai pensé à toi. Je prends donc sur le champ autant de montres, chaînes et bijoux, que mes poches peuvent en contenir et, au lieu d’aller souper, je m’en viens tout droit ici. Tu vas recéler le tout. Est-ce convenu ?

— Touche-la. As-tu le stock sur toi ?

— Oui.

— Eh bien, montre moi ça.

Narcisse ne se refusa pas au désir de Victor, dont les yeux s’étaient ouverts avec avidité à la vue des bijoux. Il y en avait pour quatre à cinq mille piastres.

— Assez, dit bientôt Narcisse, il s’agit maintenant de causer affaires.

— Je suis à toi, répondit Victor.

— Tu vas donc recéler le tout jusqu’à ce que nous prenions la fuite, car il est clair que nous devons abandonner cette ville au plus tôt. Ce serait pourtant mieux de vendre tout le stock avant de partir.

— Et moi, je te conseille de ne pas fuir du tout mais de reparaître demain au magasin, comme si de rien n’était, et de feindre l’ignorance la plus entière du vol commis.

— Ton conseil est peut-être le meilleur, j’y penserai encore.

Narcisse se défiait de Victor ; quelles précautions à prendre entre voleurs !

— Il n’y a pourtant pas de temps à perdre, hasarda Victor. Plus tard, plus tard, en voilà de jolis mots, mais ce qui est bien certain, c’est que nous ne pouvons attendre.