Page:Dornis - Essai sur Leconte de Lisle, 1909.djvu/105

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.
93
LA GRÈCE

sacrée des Grecs, sur la Morale des philosophes, et qui a continué librement ses études en ce sens par des ouvrages techniques de la valeur de son Polythéisme hellénique qui fait autorité ; de son Histoire des Grecs, désormais classique — Louis Ménard a qualifié en ces termes, les traductions de Leconte de Lisle :

« … Elles répondent à toutes les exigences de l’érudition sincère et du goût… On pourrait dire que les Grecs eux-mêmes écrivant en français n’auraient exprimé leurs idées, ni avec plus de précision, ni avec plus d’élégance… Leconte de Lisle est un traducteur impeccable, un parfait artiste. Il ne sacrifie jamais le fond à la forme, l’essentiel au décor, l’authentique à l’a peu près, la pensée à la convention ; il est préoccupé du mot propre, et des nuances d’expressions ; il soigne l’épithète, et il se soucie de la science vétilleuse des particules. Il s’attache au mot à mot, respecte l’orthographe des noms propres… Tout ce qui est la marque de l’esprit grec, charme de naturel, fraîcheur de jeunesse, grâce sans apprêt, tout cela brille dans ces traductions à côté de la sévère beauté de la pensée profonde[1]. »

Et ailleurs :

« On conviendra qu’il n’est plus permis aujourd’hui de confondre la religion grecque et la religion romaine ni de remplacer, dans des traductions ou des œuvres originales, les noms grecs avec les noms latins. La distinction se faisait depuis longtemps en Angleterre et en Allemagne quand la


    père l’avait envoyé chez son hôte Kersonien avec « un or nombreux… » Mais à quoi bon réclamer ? M. Leconte de Lisle ne changera pas sa méthode. Il se persuade qu’il fait œuvre d’artiste et se montre pieux adorateur de l’antiquité en se cramponnant « au mot à mot »… Une seule grâce ! Qu’il ne s’obstine pas à appeler Pluton, Plouton, et Hécube, Hékaé ! Et surtout qu’il ne transforme plus la Néréide Téthys, la fille de Nérée, en Mademoiselle Néréide. « J’irai voir Néréide » fait en Français, le même effet que « Adressez-vous, ouvreuse… » Mais mettons un bœuf sur notre langue… » Émile Gaucher, Revue Bleue, 9 mai 1885.

  1. Louis Ménard : Correspondance inédite, 1884.