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LA CONCEPTION POLITIQUE

l’Homme, de l’Individu, du Corps social, de la République. Que les écoliers apprennent d’adord ces définitions à la lettre, — tout comme les élèves de ceux, qu’avec une inconséquence, dont on ne peut s’empêcher de sourire, Leconte de Lisle appelait certainement des « ignorantins » — ils verront ensuite à les critiquer, s’ils en sont capables.

Quelle est donc la différence radicale que Leconte de Lisle aperçoit entre son Catéchisme Républicain, et l’autre, le Catéchisme dogmatique de Rome, qu’il s’agit de remplacer ? Celle-ci : Rome et les Religions prétendent que les vérités fondamentales ont été « révélées ». Elles « descendent du ciel sur la terre ». Leconte de Lisle les découvre dans la conscience de l’homme. Pour lui, elles « montent de la terre au ciel » et de ce ciel, Leconte de Lisle — comme Auguste Comte, comme le positivisme — ne s’occupe point.

L’enfant républicain, veut-il savoir à l’aide de quelles règles l’homme distingue la Justice de l’Injustice ? On lui répond : « Par le témoignage infaillible de la conscience, c’est-à-dire en s’affirmant soi-même, car la nature propre de l’homme est de tendre au Bien et de fuir le Mal. »

Mais ce « Bien » lui-même, quel est-il ? « Il est ce qui est conforme à la Nature de l’homme ; le Mal est ce qui lui est contraire. »

De même, le principe de la « Justice » ne doit pas être cherché en dehors de l’homme : « autrement l’homme cesserait d’être un être normal, il tomberait au niveau de la brute. » Cette Justice est révélée par la conscience qui la définit : « rendre à chacun ce qui lui est dû, afin que la destinée humaine s’accomplisse », à savoir : « l’avènement du bonheur par la pratique de la justice. »

Voilà la doctrine, dans sa noblesse et dans sa naïveté. Elle ne se connaît qu’un adversaire : l’ignorance, qu’elle méprise et repousse, comme une cause éternelle d’erreur, de violence et d’oppression.

On remarque, qu’à la minute où Leconte de Lisle publie