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ESSAI SUR LECONTE DE LISLE

cum » à l’usage de ceux qui, en effet, désiraient aller, à la République, par la route la plus courte.

C’est ainsi qu’il écrivit un manuel qui, dans sa nudité et sa sécheresse, a toutes les apparences d’un exposé de dogme, d’un Décalogue de la Religion nouvelle. Dans ces conditions, il eut la bonne foi d’imprimer, sur la couverture de cette brochure de propagande un mot, qui disait le but de l’œuvre, sa portée, son esprit de méthode : Catéchisme populaire Républicain. Au-dessous de ce titre, dont il ne se dissimulait point la hardiesse ni la portée, Leconte de Lisle n’écrivit pas son nom, pas plus qu’il ne l’avait mis sur son : Histoire populaire de la Révolution française[1], et ce n’était là, de sa part, ni hésitation, ni pusillanimité, mais respectueuse dévotion pour les idées qu’il exposait. Pas une seconde il ne se figurait qu’elles lui appartinssent. Il ne se considérait, dans l’occasion, que comme un instrument anonyme d’expression. Comment expliquer autrement, qu’après avoir tant rallié tous ceux qui, du haut d’une chaire, enseignaient des vérités révélées, il ait osé écrire, à la première page de ce Catéchisme :

« … Ce petit livre est un simple exposé des vrais principes… Il suggérera, par la justesse des définitions, tous les éclaircissements que le lecteur intelligent se donnera à lui-même. »

Le prototype de ce « lecteur intelligent » est clairement désigné un peu plus bas. C’est l’« instituteur, » qui demeure chargé d’offrir, à l’enfant, l’explication et l’exemple.

L’auteur du Catéchisme Républicain est si sûr de ses principes, qu’il ne demande point à ses collaborateurs de faire appel à la « raison » des enfants, mais à leur « mémoire ». C’est dans ces « mémoires », d’une génération nouvelle d’écoliers, que le poète désire verser les définitions, qu’il a données, du Bien, du Mal, du Droit, du Juste, de

  1. Seule l’Histoire populaire du Christianisme fut signée.