Page:Dostoïevski - Carnet d’un inconnu 1906.djvu/84

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— À quoi peut vous servir ce Korovkine ?

— Il m’aidera, mon ami, il m’aidera ; c’est un homme à ça, un homme de science ! J’ai une entière confiance en lui ; c’est un conquérant ! Je comptais aussi sur toi ; je me disais que tu parviendrais à les persuader. Pense seulement que, si je suis très coupable, je ne suis pas un pécheur endurci. Si l’on voulait me pardonner pour une fois, comme nous pourrions vivre heureux !… Elle a joliment grandi, ma Sachourka ; elle serait déjà bonne à marier. Ilucha aussi a grandi. C’est demain sa fête… Mais j’ai peur pour Sachourka, voilà !

— Mon cher oncle, dites-moi où on a porté ma malle. Je vais changer de vêtements et je vous rejoins tout de suite après.

— En haut, mon ami, en haut. J’avais donné l’ordre qu’on te menât tout droit à ta chambre dès ton arrivée, afin que personne ne te vît. C’est ça ; change de costume ; c’est parfait ! Pendant ce temps, je vais les préparer. Que Dieu soit avec toi !… Que veux-tu, mon cher, il faut ruser ; on devient un Talleyrand sans le vouloir, mais qu’importe ! Ils sont en ce moment à prendre le thé ; chez nous, ça dure une bonne heure. Foma Fomitch aime à le prendre aussitôt son réveil ; il