Page:Dostoïevski - Carnet d’un inconnu 1906.djvu/85

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paraît que c’est meilleur ainsi… Allons, j’y vais et toi, tâche de me rejoindre au plus vite ; ne me laisse pas trop longtemps seul ; je serais si gêné ! Ah ! attends, j’ai encore quelque chose à te demander : là-bas, ne me crie pas dessus comme tu l’as fait ici, hein ? Si tu as quelque observation à me faire, patiente jusqu’à ce que nous soyons seuls ; mais, d’ici là, garde ta langue, car j’ai fait de si beaux tours qu’ils sont tous furieux contre moi…

— Mon oncle, de tout ce que vous venez de me dire, je conclus…

— Que je n’ai pas de caractère ? Va jusqu’au bout ! interrompit-il. Qu’y faire ? Je le sais bien ! Alors, tu viens ? et le plus vite possible, je t’en prie !

Monté chez moi, je me hâtai d’ouvrir ma malle pour me conformer à la pressante recommandation de mon oncle et, tout en m’habillant, je dus constater que je n’avais encore rien appris de ce que je voulais savoir, après une conversation d’une heure. Une seule chose me sembla claire, c’est qu’il désirait toujours me marier et que, par conséquent, tous les bruits tendant à ce qu’il fût amoureux de cette personne étaient faux. Je me souviens que j’étais dans une extrême inquiétude. Cette pensée me vint que, par ma venue, par mon silence après les paroles de mon oncle,