Page:Dostoïevski - Inédits.djvu/231

La bibliothèque libre.
Cette page n’a pas encore été corrigée

Oui, nous perdons beaucoup avec l’hiver.

Nous nous préparons à ne rien faire de l’été. Nous sommes fatigués. Il est temps pour nous de nous reposer. Ce n’est pas en vain qu’on dit que Pétersbourg est une ville si européenne, si affairée. C’est un fait. Laissez-le donc se reposer ; permettez-lui d’aller dans ses campagnes, dans ses forêts. Il a besoin de la forêt, au moins pendant l’été. C’est seulement à Moscou qu’on se repose avant l’affaire. Pétersbourg se repose après. Chaque été, en se promenant, il se recueille. Peut-être même pense-t-il maintenant à ce qu’il fera l’hiver prochain. Sous ce rapport, il ressemble beaucoup à un littérateur qui, il est vrai, n’a rien écrit lui-même, mais dont le frère eut pendant toute sa vie l’intention d’écrire un roman.

Cependant, tout en se préparant pour la nouvelle route, il faut se retourner et jeter un regard sur l’ancienne, sur le passé, et au moins dire adieu à quelque chose, regarder ce que nous avons fait, ce qui nous est particulièrement cher. Voyons donc, lecteur bienveillant, ce qui vous a été particulièrement cher ? Je dis « bienveillant » parce qu’à votre place depuis longtemps j’eusse renoncé à lire des feuilletons, et celui-ci en particulier. Je l’eusse fait encore par cette raison que pour moi, et sans doute pour vous aussi, rien n’est cher dans le passé. Nous ressemblons tous à des ouvriers chargés d’un fardeau qu’ils se sont mis bénévolement sur les épaules et qui seront très heureux si, d’une manière convenable, à l’européenne, ils le portent au moins jusqu’à la saison d’été. Quelles tâches ne nous imposons-nous pas ainsi, par