Page:Dostoïevski - Inédits.djvu/238

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qu’en robe de chambre et bonnet, bien renfermé, avec l’obligation de prendre toutes les deux heures une cuillerée à soupe de quelque potion. Sans doute tous n’étaient pas malades. Aux uns c’était interdit par leurs occupations, aux autres par leur robuste constitution.

Mais enfin, voilà que le soleil brille, et cette nouvelle en vaut bien une autre. Le convalescent hésite. Indécis, il ôte son bonnet ; puis il répare sa toilette ; enfin, il consent à faire une promenade. Sans doute bien emmitouflé, tricot de laine, pelisse et galoches. La douceur de l’air le surprend agréablement, ainsi que l’aspect de fête de la foule dans les rues et le bruit assourdissant des voitures sur le pavé. Enfin, sur la perspective Nevski, le convalescent avale de la poussière neuve. Son cœur commence à battre et quelque chose comme un sourire détend ses lèvres jusqu’ici fermées comme en signe d’interrogation ou de mécontentement. La première poussière de Pétersbourg, après un déluge de boue et quelque chose de très mouillé dans l’air, ne le cède pas en douceur à l’ancienne fumée des foyers de la patrie, et le promeneur, du visage duquel disparaît enfin la méfiance, se résout à jouir du printemps. En général, chez l’habitant de Pétersbourg qui se décide à jouir du printemps, il y a quelque chose de si bonhomme, de si naïf qu’on ne peut ne point partager sa joie. Même, s’il rencontre un ami, il oublie la phrase banale : Quoi de neuf ? et la remplace par une autre beaucoup plus intéressante : Hein, quel temps ? Et l’on sait qu’après le temps, surtout quand il est mauvais, la question la plus saugrenue à Pétersbourg est : Quoi de neuf ?J’ai remarqué souvent que quand deux amis pétersbourgeois