Page:Dostoïevski - Inédits.djvu/237

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voyait, fort bien représenté, un philanthrope par devoir, celui même qui « bat et frappe sur la gueule le vieux Gavrilo » pour un jabot froissé ; et qui, dans la rue, tout d’un coup, se prend de commisération sincère pour son prochain. Des autres dessins nous ne dirons rien bien qu’il y ait beaucoup de choses justes et d’actualité. Si M. Nievakhovitch le désire, nous lui raconterons une anecdote à propos de la philanthropie. Un propriétaire disait avec feu quel amour il ressentait pour l’humanité et comment il était pénétré des exigences du siècle : « Monsieur, disait-il, mes domestiques sont divisés en trois catégories. Les serviteurs respectables, qui ont servi mon père et mon grand-père fidèlement, honnêtement, forment la première catégorie. Ils logent dans des chambres claires, propres, confortables ; ils mangent les restes de la table des maîtres. La seconde catégorie comprend les serviteurs peu respectables, peu méritants, qui, cependant, sont de braves gens. Je leur donne une chambre claire commune, et, les jours de fête, on leur prépare des gâteaux. Ceux de la troisième catégorie sont des canailles, des coquins, des fripons ; à ceux-là je ne donne pas de gâteaux et, chaque samedi, je leur fais la morale en les corrigeant. À des chiens, la vie des chiens. Ce sont des coquins. – Sont-ils nombreux, chez vous, dans les premières catégories ? – À vrai dire, répondit le propriétaire un peu gêné, encore pas un... parce que tous sont des brigands et des voleurs. Cette engeance n’est point digne de la philanthropie. »


27 avril 1847

Il n’y a pas encore longtemps, je ne pouvais m’imaginer un habitant de Pétersbourg autrement