Page:Dostoïevski - Inédits.djvu/247

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d’amour, et je me suis transporté à Moscou dans ma patrie lointaine. Si vous n’avez pas lu cette nouvelle, messieurs, lisez-la. En effet, que pourrais-je vous dire de meilleur, de plus nouveau ? Que les nouveaux omnibus ont fait leur apparition sur Nevski ; que la Néva a occupé tous les esprits durant une semaine ; que dans les salons on continue toujours à bâiller à jours fixes, en attendant l’été avec impatience ? Est-ce cela ? Mais cela vous ennuie depuis longtemps déjà, messieurs. Voilà, vous avez lu la description d’une matinée à Pétersbourg, n’est-ce pas suffisant comme ennui ? Alors, pendant une matinée aussi pluvieuse, lisez cette nouvelle sur une famille de petites gens de Moscou, et la glace brisée. C’est comme si je l’avais vue dans mon enfance cette pauvre Anna Ivanovna, la mère de famille. Et je connais aussi Ivan Kirilovitch. Ivan Kirilovitch est un brave homme, seulement, quand il est gai, un peu éméché, il aime les plaisanteries. Par exemple, sa femme est malade et a peur de la mort ; alors lui, bien portant, pour rire et plaisanter se met à raconter comment il se remariera quand il sera veuf. La femme se retient, se retient ; elle finit par rire : que faire si son mari a déjà un pareil caractère ? Mais voilà que la théière est cassée. Il est vrai qu’une théière coûte cher. Cependant c’est un spectacle honteux de voir, devant des invités, le mari reprocher à sa femme une maladresse. Puis vint le carnaval. Ivan Kirilovitch n’était pas à la maison. Le soir, comme par hasard, plusieurs jeunes amies de la fille aînée, Olga, se réunirent chez elle. Il y avait aussi des jeunes gens, et des enfants très bruyants, et un certain Pavel Loukitch, qui paraissait sorti d’un roman de Walter Scott. Il bousculait tout le monde, ce