Page:Dostoïevski - Krotkaïa, trad. Halpérine, 1886.djvu/186

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décidément aucune parole pour renouer notre conversation épuisée.

Cette rencontre me frappa tellement que pendant toute la soirée, dévoré de curiosité, je ne pouvais détacher les yeux de sa personne. Il arriva que deux fois elle me surprit plongé dans mes observations, et la seconde fois elle sourit en me regardant. Ce fut son seul sourire de toute la soirée. Une morne tristesse ne quittait pas son visage devenu très-pâle. Elle s’entretenait tranquillement avec une dame âgée, vieille femme tracassière et méchante que personne n’aimait, à cause de son penchant pour l’espionnage et les cancans, mais que tout le monde redoutait ; aussi chacun, bon gré, malgré, s’efforçait-il de lui complaire.

A dix heures on vit entrer le mari de madame M***. Jusque-là j’avais observé sa