Page:Dostoïevski - Krotkaïa, trad. Halpérine, 1886.djvu/244

La bibliothèque libre.
Cette page n’a pas encore été corrigée

fauchait l’herbe sur la rive opposée, et je m’oubliai complètement dans la contemplation de ce spectacle ; à chaque mouvement si rapide des faucheurs, j’entrevoyais les faux tranchantes tantôt brillant au soleil, tantôt disparaissant tout à coup, semblables à des serpents de feu qui chercheraient à se cacher ; l’herbe coupée formait de gros tas et s’alignait en longs sillons réguliers.

Il me serait difficile de dire combien de temps je restai plongé dans cette sorte d’extase, mais tout à coup je revins à moi, en entendant tout près, à une vingtaine de pas, dans une percée du parc, frayée entre la grande route et la maison seigneuriale, l’ébrouement d’un cheval qui frappait la terre avec impatience, creusant le sol de ses sabots. Ce bruit que j’entendais provenait-il de l’arrivée même du cavalier ?