Page:Dostoïevski - Krotkaïa, trad. Halpérine, 1886.djvu/82

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s’endort inconscient. Quand j’avais rencontré son regard et senti l’arme près de ma tempe, j’avais reclos les paupières sans faire aucun autre mouvement, comme si j’étais dans un profond sommeil ; elle pouvait à la rigueur supposer que je dormais réellement, que je n’avais rien vu. D’autant plus qu’il était parfaitement improbable que, si j’avais vu et compris, je fermasse les yeux dans un tel moment.

Oui c’était improbable. Mais elle pouvait aussi deviner la vérité….. Cette idée illumina mon entendement à l’improviste, dans la seconde même. Oh quel tourbillon de pensées, de sensations envahit, en moins d’un moment, mon esprit. Et vive l’électricité de la pensée humaine ! Dans le cas, sentais-je, où elle aurait deviné la vérité, si elle sait que je ne dors pas, ma sérénité devant la mort lui impose, et sa