Page:Dostoïevski - Le Rêve de l’oncle, trad. Kaminsky, 1895.djvu/165

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Paul, que je suis coupable envers vous, mais, si vous pouviez me juger en connaissance de cause, vous verriez que je ne suis coupable que de vous avoir voulu trop de bien.

— Ainsi, du bien ? Vous vous moquez ! je vous certifie que vous ne me tromperez plus : je ne suis pas enfant à ce point !

Il s’agite, son fauteuil craque.

— Je vous en prie, mon ami, soyez plus calme si vous le pouvez, écoutez attentivement, et vous tomberez d’accord avec moi. Dans le principe, je voulais tout vous dire, vous mettre au courant de tout sans qu’il vous fût nécessaire de vous avilir jusqu’à écouter aux portes. Si je ne l’ai pas fait, c’est uniquement parce que l’affaire était encore à l’état de projet et pouvait ne pas aboutir. Vous voyez que je suis franche avec vous. Surtout n’accusez ma fille de rien. Elle vous aime jusqu’à la folie, et il m’a fallu faire des efforts inouïs pour vous l’arracher et la persuader d’agréer l’offre du prince.