Page:Dostoïevski - Le Rêve de l’oncle, trad. Kaminsky, 1895.djvu/226

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Maria Alexandrovna ne doute plus que ses visiteuses n’ignorent rien et se soient réunies dans une intention malveillante. La situation est dangereuse. On peut le faire parler, l’entortiller en présence même de sa femme. On peut même emmener le prince et le brouiller avec Maria Alexandrovna… Enfin il faut s’attendre à tout.

Le sort prépare à notre héroïne une autre épreuve encore. La porte s’ouvre, et Mozgliakov, qu’elle croit chez Borodonïev, fait son entrée. La prévoyante femme tressaille comme si quelque chose la frappait au cœur. Mozgliakov s’arrête sur le seuil, un peu intimidé, et examine l’assemblée. Il ne peut maîtriser l’émotion que trahit sa physionomie.

— Ah ! mon Dieu ! Pavel Alexandrovitch ! font plusieurs voix.

— Ah ! mon Dieu ! mais c’est Pavel Alexandrovitch !

— Que nous disiez-vous donc, Maria Alexandrovna, qu’il était chez Borodonïev ? On prétendait que vous étiez caché, Pavel