Page:Dostoïevski - Le Rêve de l’oncle, trad. Kaminsky, 1895.djvu/276

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

fourneau, gisait, sur un lit de planches recouvertes d’un matelas mince comme une feuille de papier, un jeune homme caché sous un manteau en loques. Son visage était blême et tiré, ses yeux brillaient du feu de la fièvre, ses mains étaient sèches et transparentes, il respirait avec peine, il râlait. Quoique la maladie l’eût défiguré, il conservait des traces de beauté. Triste à voir, ce visage de phtisique, de mourant. Sa vieille mère qui, hier encore, croyait à la guérison, s’aperçoit enfin qu’elle sera bien tôt seule au monde. Les bras croisés, les yeux secs, elle reste là, sans comprendre, sans pouvoir détourner ses regards du malade, anéantie, obsédée par la vision de la fosse dans la terre froide du vieux cimetière plein de neige.

Vassia ne la regarde pas, sa physionomie rayonne de bonheur : il voit enfin celle que depuis un an, durant ses longues nuits de malade, il n’a vue que dans ses rêves. Il comprend qu’elle a pardonné, puisqu’elle