Page:Dostoïevski - Le Rêve de l’oncle, trad. Kaminsky, 1895.djvu/277

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est venue, puisqu’elle lui serre les mains, puisqu’elle le contemple de ses beaux yeux, pleurant et souriant à la fois. Tout le passé ressuscite dans l’âme du mourant : la vie se réveille dans son cœur comme pour lui faire sentir combien elle est triste à quitter.

— Zina ! Zinotchka ! ne pleure pas, ne me rappelle pas que je vais mourir… laisse-moi te regarder, penser que tu m’as par donné. Je vais mourir sans m’en douter en te baisant les mains… Tu as maigri, Zinotchka ! Cher ange, avec quelle bonté tu me regardes ! Te rappelles-tu comme tu riais autrefois ?… Ah ! Zina, je ne te demande plus pardon… je ne veux même pas me souvenir de ce qui a été : je ne me pardonne pas, moi. Que de nuits sans sommeil, Zina ! que de nuits à réfléchir, à me rappeler, à regretter !… Il vaut mieux, que je meure. Je ne suis pas capable de la vie, Zinotchka !

Zina pleurait et serrait silencieusement les mains de son ami dans les siennes, comme si elle eût voulu le retenir.