Page:Dostoïevski - Le Sous-sol, 1909.djvu/218

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emmène Elena Ivanovna… Calme-toi, mon amie, — continua-t-il à l’adresse de sa femme. Tous ces cris me fatiguent et je voudrais bien me reposer un peu. Au surplus, il fait ici bon et doux, encore que je n’aie pas eu le temps de me reconnaître dans cet asile improvisé.

— Comment, te reconnaître ? Est-ce que tu y vois ? exclama Elena Ivanovna. toute joyeuse

— Une nuit impénétrable m’environne, répondit l’infortuné captif, mais je peux tâtonner et, pour ainsi dire, voir avec mes mains. Donc, au revoir. Sois tranquille et ne te prive pas de distraction. A demain. Quant à toi, Semione Semionitch, viens me voir ce soir et, comme tu es distrait et que tu pourrais oublier, fais un pense-bête.

J’avoue qu’il ne me déplaisait pas de pouvoir partir, car je me sentais fatigué et cela commençait à m’ennuyer. Je m’empressai donc de prendre Elena Ivanovna par le bras et de l’emmener hors de l’établissement.

— Ce soir, votre entrée vous coûtera encore vingt-cinq copeks ! nous cria le propriétaire.

— Oh ! mon Dieu, que ces gens sont rapaces ! fit Elena Ivanovna en se mirant dans toutes les places du Passade où elle reconnut, non sans une visible satisfaction, que cette secousse n’avait fait que l’embellir.

— C’est le point de vue économique, lui répondis-je un peu ému et très lier de ma dame.