Page:Dostoïevski - Le Sous-sol, 1909.djvu/219

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— Le point de vue économique ? traîna-t-elle de sa voix sympathique, je n’ai rien compris à ce que disait tout à l’heure Ivan Matveïtch au sujet de ce vilain point de vue économique.

— Je vais vous expliquer cela.

Et je me mis à discourir sur les résultats bienfaisants de l’accumulation des capitaux étrangers dans notre patrie et cela d’autant mieux que j’avais lu le matin même des articles sur ce sujet dans Les Nouvelles de Pétersbourg et dans Le Cheveu. Elle m’écouta quelque temps et m’interrompit pour me dire :

— Que tout cela est donc étrange !… Avez-vous bientôt fini, vilain, de me raconter de pareilles bêtises ? Dites-moi, suis-je très rouge ?

Je profitai de l’occasion pour lui décocher un compliment :

— Vous n’êtes pas rouge, lui dis-je. Vous êtes exquise !

— Fi ! le polisson ! murmura-t-elle, ravie. Puis elle ajouta après un silence en inclinant gracieusement la tête sur son épaule : — Comme je le plains, ce pauvre ami !… Et soudain : — Mais, mon Dieu, dites-moi comment il va faire pour se restaurer là-dedans… et… et… ; s’il a besoin de quoi que ce soit ?

— Votre question me prend à l’improviste, lui répondis-je, un peu déconcerté. A vrai dire, cela ne m’était pas venu à l’esprit. Que les femmes sont