Page:Dostoïevski - Le Sous-sol, 1909.djvu/227

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propriété en commun, c’est le poison, la perte de la Russie ! » Il parlait avec un grand enthousiasme ; c’est commode pour ces gens-là qui sont riches et ne sont pas au service… Il dit que ni l’industrie, ni l’agriculture ne peuvent prospérer avec cette communauté. Il voulait que les compagnies achetassent tout notre territoire par lots afin de le diviser ensuite en lopins très petits qu’on vendrait ensuite de façon à les constituer en propriétés individuelles. Et vous savez, c’était d’un ton fort résolu qu’il disait : par-r-r-r-tager ! Si l’on ne vendait pas, on pouvait louer tout simplement. Il ajoutait : « Quand toute notre terre sera entre les mains de sociétés étrangères, il sera facile de fixer le prix de fermage qu’on voudra. Ainsi le paysan devra travailler pour gagner son pain et l’on pourra le chasser de tel ou tel territoire en cas de besoin. Comme il sentira ce danger, il se montrera respectueux et obéissant et produira trois fois plus de travail qu’il n’en produit à l’heure actuelle où il fait partie de la communauté et peut se moquer de tout. Il sait qu’il ne mourra pas de faim et alors, il fait le paresseux et s’enivre. Avec la nouvelle méthode, l’argent nous viendra ; la bourgeoisie apportera ses capitaux. D’ailleurs, le Times, le grand journal littéraire et politique de Londres, dans une étude qu’il publiait sur nos journaux, déclarait que, si nos capitaux n’augmentaient pas, c’est que nous n’avons pas de Tiers-État, que nous manquons de grosses