Page:Dostoïevski - Le Sous-sol, 1909.djvu/252

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L’Allemand jugea utile de consulter sa mère et l’emmena dans un coin de la loge où se trouvait une armoire renfermant le plus grand et le plus laid des singes de la collection.

— Tu vas voir ! me dit Ivan Matveïtch.

En ce qui me concerne, j’éprouvais une violente envie de rosser tous ces gens-là, l’Allemand, sa mère et, encore plus que les autres, cet Ivan Matveïtch. dont l’ambition illimitée m’agaçait au possible. Mais, que dire de la réponse de l’astucieux Allemand ?

Sur l’avis de sa mère, il exigea, pour prix de son crocodile une somme de 50 mille roubles en obligations à lots du dernier emprunt intérieur, une maison en pierres dans la rue Gorovkhovaïa, avec une pharmacie tout installée dans cette maison, plus le grade de colonel.

— Tu vois ! s’écria triomphalement Ivan Matveïtch, je te le disais bien. A part sa dernière exigence — cette nomination de colonel qui est tout à fait folle, il a parfaitement raison, car il sait apprécier l’actuelle valeur de sa bête. Le point de vue économique avant tout !

— Voyons ! criai-je furieusement à cet Allemand. comment osez-vous réclamer ce grade de colonel ? Quel exploit avez-vous accompli ? Quels services avez-vous rendus ? De quelle gloire militaire vous êtes-vous donc couvert ? Est-ce que vous êtes fou ?

— Fou ! répliqua l’Allemand offensé, c’est-à-