Page:Dostoïevski - Le Sous-sol, 1909.djvu/260

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— Oui, il est venu ; il s’est efforcé de me consoler et imaginez-vous que nous avons passé toute la soirée à jouer aux cartes. Quand il perdait, il me donnait des bonbons et quand c’était moi, il me baisait les mains. Quel polisson ! et figurez-vous qu’il a failli venir avec moi au bal masqué ! C’est comme je vous le dis !

— L’enthousiasme ! répondis-je. Et qui donc ne serait enthousiaste de vous, charmeuse !

— Bon ! vous voilà reparti avec vos compliments ! Attendez que je vous pince pour votre départ. Je sais fort bien pincer, maintenant, qu’en dites-vous ?… Ah ! est-ce qu’Ivan Matveïtch vous a souvent parlé de moi ?

— N-n-non, pas trop… Je vous avoue qu’il est surtout préoccupé maintenant des destinées de l’humanité en général et qu’il veut…

— Bien, bien ; ne continuez pas. Ce doit être fort ennuyeux. J’irai le voir un de ces jours… demain, sans faute, mais pas aujourd’hui. J’ai mal à la tête et il y aura beaucoup de monde… On chuchotera : c’est sa femme ! J’en serai honteuse… Adieu. Le soir, vous allez là-has.

— Près de lui, près de lui ! Il m’a dit de venir et de lui apporter les journaux.

— Fort bien. Allez-y donc et faites-lui la lecture. Inutile de revenir ici aujourd’hui car je ne me sens pas bien… Peut-être irai-je rendre quelques visites… Adieu, polisson !