Page:Dostoïevski - Le Sous-sol, 1909.djvu/305

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teau, tout simplement. Pas de fausse honte, dites-le si c’est vrai : hein, mon petit père, vous avez perdu la tête ?

— Il a la tête perdue, il est fou ! s’écriait-on en se tordant les mains de désespoir. La logeuse dut saisir Marc Ivanovitch à bras le corps de crainte qu’il ne mit Sémione Ivanovitch en pièces.

— Sienka, au cœur si tendre, Sienka le sage, suppliait Zimoveikine, as-tu donc une âme de païen ? Toi si simple, si vertueux ne m’entends-tu pas ? Hélas ! tout cela ne vient que de ton excès de vertu ; moi, je ne suis qu’un stupide faiseur de tapage, un sale mendiant et, pourtant, cet excellent homme ne m’a pas repoussé et il me traite avec considération. Je le remercie ainsi que la patronne ; je les salue jusqu’à terre et, ce faisant, je ne fais que mon devoir, petite patronne.

Ici, Zimoveikine salua en effet jusqu’à terre, d’un geste qui n’était pas dépourvu de noblesse. Sémione Ivanovitch voulut poursuivre son discours, mais, cette fois, on ne lui en laissa pas le loisir : ce fut un tolle général de supplications, d’arguments persuasifs, de consolations, tellement qu’il finit par avoir honte et, d’une voix faible, demanda à s’expliquer.

— Très bien, dit-il, c’est entendu : je suis gentil et doux, et vertueux et fidèle, et dévoué ; je donnerais jusqu’à la dernière goutte de mon sang, entends-tu, gamin… pour garder ma place ; mais je