Page:Dostoïevski - Le Sous-sol, 1909.djvu/306

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suis pauvre et si on la… ah ! silence, toi !… elle existe maintenant, et puis, tout d’un coup, il n’y en aura plus… comprends-tu ? Alors, moi, je m’en irais par les chemins, mon sac sur le dos, entends-tu ?

— Sienka ! hurla Zimoveikine d’une voix plus forte que le tumulte, tu n’es qu’un libre-penseur et je vais tout raconter. Qu’es-tu donc ? Un gueulard tête de bélier ! un imbécile, un faiseur de chahut qui se fera balayer de sa place sans cérémonies ! qu’es-tu donc ?

— C’est cela même… fit Sémione Ivanovitch.

— Comment cela même ? Allez donc causer avec lui !…

— Oui, comment parler avec lui ?

— Bien sûr, quand on est libre ; on est libre ; mais quand on reste au lit…

— Comme un libre-penseur, comme un voltairien… Sienka, tu n’es qu’un libre-penseur, un libre-penseur !

— Assez ! cria M. Prokhartchine en agitant la main pour demander du silence. Mais comprends, comprends donc, idiot : je suis timide, timide aujourd’hui, timide demain, et puis, un beau jour, je pers ma timidité, je lâche une insolence et va te faire fiche…

— Mais qu’est-ce qu’il a ? tonna de nouveau Marc Ivanovitch, en bondissant de la chaise où il s’était assis pour se reposer et se précipitant vers le lit, tout bouleversé, et tremblant de rage, mais