Page:Dostoïevski - Le Sous-sol, 1909.djvu/59

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IX

Messieurs, je plaisante, c’est certain, et je sais moi-même que je le fais maladroitement, mais il ne faut pas voir en tout une plaisanterie. Il se peut que je grince des dents tout en plaisantant. Messieurs, ces questions me tourmentent : résolvez-les-moi. Vous, par exemple, vous voulez déshabituer un homme de ses vieilles habitudes et vous voulez corriger sa volonté, conformément aux exigences de la science et du bon sens. Mais comment savez-vous qu il est non seulement possible, mais encore nécessaire de le transformer ? D où concluez-vous que les désirs humains aient besoin de se corriger ainsi ? En un mot. comment savez-vous si une correction pareille sera avantageuse à l’homme ? Et pour tout dire, pourquoi êtes-vous persuadés qu il serait toujours avantageux à l’homme de ne pas aller à l’encontre de l’intérêt normal, réel, garanti par les arguments de la raison et de l’arithmétique, et que cela doive être une loi pour l’humanité ? Ce n’est que votre supposition.