CHAPITRE II
C’est à cette date du 19 que je devais toucher mon salaire pour le premier mois de mon service chez le vieux prince Sokolski. Cet emploi, ils me l’avaient l’ait obtenir sans me demander mon avis, et ils m’avaient fait entrer en fonctions le jour même, je crois bien, de mon arrivée à Pétersbourg, — procédés expéditifs contre lesquels je fus sur le point de protester. Mais une protestation eût peut-être amené une rupture, ce qui en soi n’était pas pour m’effrayer, mais pouvait nuire à mes desseins : j’avais donc accepté en silence, mettant ma dignité sous la sauvegarde de ce silence même. Je dirai tout de suite que ce prince Sokolski, homme opulent et conseiller intime, n’était à aucun titre parent de ces princes Sokolski de Moscou (gueux de génération en génération) avec qui Versilov était en procès. Il y avait simplement là similitude de nom. Néanmoins, le vieux prince s’intéressait fort à eux, à l’un d’eux surtout, l’aîné, lequel était officier.
Versilov avait toujours eu une grande influence