Page:Doyle - Jim Harrison, Boxeur, trad Savine, 1910.djvu/168

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reux de vous voir. Vous trouverez ici quelques vieux amis.

Parmi la foule mobile des Corinthiens et des boxeurs qui se pressaient dans la pièce, j’avais entrevu la carrure solide et la face épanouie du champion Harrison.

Sa vue me fit l’effet d’une bouffée d’air de la dune du Sud qui avait pénétré jusque dans cette chambre au plafond bas, sentant l’huile, et je courus pour lui serrer la main.

— Ah ! maître Rodney. — Ou bien dois-je vous appeler monsieur Stone, comme je le suppose ? Vous êtes si changé qu’on ne vous reconnaîtrait pas. J’ai bien de la peine à croire que c’est véritablement vous qui veniez si souvent tirer le soufflet, quand le petit Jim et moi nous étions à l’enclume. Eh ! comme vous voilà beau, pour sûr !

— Quelles nouvelles apportez-vous de Friar’s Oak ? demandai-je avec empressement.

— Votre père est venu faire un tour chez moi pour causer de vous, et il me dit que la guerre va éclater de nouveau, et qu’il espère vous voir à Londres dans peu de jours, car il doit se rendre ici pour visiter Lord Nelson et se mettre en quête d’un vaisseau. Votre mère se porte bien. Je l’ai vue dimanche à l’église.

— Et Petit Jim ?

La figure bonhomme du champion Harrison s’assombrit.

— Il s’était mis sérieusement en tête de venir ici, ce soir, mais j’avais des raisons pour ne pas le désirer, de sorte qu’il y a un nuage entre nous. C’est le premier, et cela me pèse, maître Rodney. Entre nous, j’ai de très bonnes raisons pour désirer qu’il reste avec moi et je suis sûr qu’avec sa fierté de caractère et ses idées, il n’arriverait jamais à retrouver son équilibre une fois