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jim harrison, boxeur

dernière, j’ai ramené de la Méditerranée le vieil Océan qui flottait comme une barrique vide et ne rapportait absolument rien, comme chargement, que de la gloire. Dans le canal nous rencontrâmes la frégate La Minerve de l’Océan occidental qui plongeait jusqu’aux sabords et était prête à éclater sous un butin que l’on avait jugé trop précieux pour le confier aux équipages de prise. Il y avait des lingots d’argent jusqu’au long de ses vergues et près de son beaupré, de la vaisselle d’argent à la pomme de ses mâts. Mes marins auraient tiré sur elle, oui, ils auraient tiré, si on ne les avait pas retenus. Cela les enrageait de penser à tout ce qu’ils avaient fait dans le Sud, et de voir cette impudente frégate faire parade de son argent sous leurs yeux.

— Je ne vois pas le bien fondé de leurs griefs, capitaine Ball, dit Cochrane.

— Quand vous serez promu au commandement d’un navire à deux ponts, milord, il pourra bien se faire qu’il vous apparaisse plus clairement.

— Vous parlez comme si un croiseur n’avait d’autre tâche que de faire des prises. Si c’est là votre manière de voir, permettez-moi de vous dire que vous n’êtes pas au fait de la chose. J’ai commandé un sloop, une corvette et une frégate et, sur chacun d’eux, j’ai eu à remplir des devoirs fort divers. Il m’a fallu éviter les vaisseaux de ligne de l’ennemi et livrer bataille à ses croiseurs. J’ai dû donner la chasse à ses corsaires et les capturer et leur couper la retraite quand ils se réfugiaient sous ses batteries. Il m’a fallu faire une diversion sur ses forts, débarquer mes hommes, détruire ses canons et postes de signaux. Tout cela, et en outre les convois, les reconnaissances, la nécessité de risquer son propre navire, pour arriver à connaître les mouvements de l’ennemi, incombe à l’officier qui commande