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jim harrison, boxeur

avec autant de zèle que les sportsmen en mettaient à les observer.

La lutte prenait un certain caractère de dignité, grâce à un rigide code de cérémonies, tout comme le choc entre chevaliers bardés de fer était précédé et embelli par l’appel des hérauts et le détail des armoiries.

Aux yeux de bien des gens d’autrefois, le duel dut apparaître comme une épreuve sanguinaire et barbare, mais nous qui le contemplons au bout d’une ample perspective, nous y voyons une rude et vaillante préparation aux conditions de la vie dans un siècle de fer.

Et tout de même, maintenant que le ring est devenu une chose du passé aussi bien que les lices, une philosophie plus large doit nous faire comprendre que, quand les choses apparaissent d’elles-mêmes d’une façon si naturelle et si spontanée, c’est qu’elles ont une fonction à remplir, c’est qu’il y a moins de mal à ce que deux hommes se battent, de leur propre gré, jusqu’à l’épuisement de leurs forces, c’est, dis-je, un moindre mal que si l’idéal de l’énergie et de l’endurance courait le risque de s’abaisser chez un peuple dont le destin est si complètement subordonné aux qualités individuelles du citoyen.

Qu’on en finisse avec la guerre, si l’intelligence de l’homme est capable de supprimer cette chose maudite, mais jusqu’au jour où l’on en trouvera le moyen, qu’on se garde de s’en prendre à ces qualités premières, auxquelles nous pouvons, à tout moment, être obligés de recourir pour nous tenir en sûreté.

Tom Owen et son original aide Fogs, qui réunissait les professions de boxeur et de poète, mais qui, heureusement pour lui, tirait meilleur parti de ses poings que de sa plume, eurent bientôt établi le ring selon les règles alors en vogue.