Page:Doyle - La bataille de Sedgemoor, trad. Savine, 1911.djvu/105

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il la portait à ses yeux, un tremblement, des secousses nerveuses, agitaient ses fines et blanches mains, au point que cela faisait peine à voir.

Lord Grey tendit sa lunette à Saxon qui était accoudé sur la grossière bordure de maçonnerie et qui regarda longtemps l'ennemi d'un air grave.

-Ce sont les mêmes hommes que j'ai commandés, dit enfin Monmouth, à demi-voix, comme s'il pensait tout haut. Là-bas, par la droite, je vois le régiment d'infanterie de Dumbarton. Je connais bien ces hommes-là; ils se battront. Si nous les avions de notre côté, tout irait bien.

-Non, Majesté, répondit avec vivacité Lord Grey, vous ne rendez pas justice à vos braves partisans. Eux aussi verseront jusqu'à la dernière goutte de leur sang pour votre cause.

-Regardez-les, là en bas, dit Monmouth avec tristesse, en montrant le fourmillement des rues au dessous de nous. Jamais coeurs plus braves ne battirent dans des poitrines anglaises, mais remarquez ces vociférations, cette clameur de paysans un samedi soir. Comparez-y le déploiement rigide et régulier des bataillons exercés. Hélas! pourquoi ai-je arraché ces honnêtes créatures à leurs modestes foyers pour livrer une lutte aussi désespérée?

-Écoutez cela, s'écria Wade, ils ne trouvent pas la situation désespérée; et nous pas davantage.