Page:Doyle - La bataille de Sedgemoor, trad. Savine, 1911.djvu/286

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Ses yeux à demi clos, si mobiles, si clignotants, sont tournés vers moi de cette façon un peu oblique qui lui était propre, si bien qu'enfin je me retrouve assis sur mon séant, et tendant la main dans l'espace vide, m'attendant presque à sentir autour d'elle une autre main maigre, nerveuse.

C'était, sous bien des rapports, un malhonnête homme, mes chers enfants, un homme roué, plein de ruse, qui n'avait guère de scrupules, guère de confiance, et pourtant la nature humaine est chose si étrange, et il nous est si difficile de maîtriser nos sentiments, que mon coeur s'échauffe quand je pense à lui et que cinquante années ont plutôt accru qu'affaibli la sympathie que j'ai pour lui.

-J'ai entendu dire, fit-il en envoyant lentement des bouffées de sa pipe, que Marot était bien l'homme de cette trempe, et qu'il était serré de si près qu'il courait le danger d'être pris.

En conséquence, je me mis à sa recherche, et je tins conseil avec lui.

Sa jument avait péri d'une balle perdue, et comme il avait beaucoup d'affection pour cette bête, cet événement le rendait plus farouche et plus dangereux que jamais. Il n'avait plus, disait-il, aucun goût pour son ancien métier.

En fait, il était mûr pour n'importe quoi.

C'est de cette manière-là qu'on fait les instrumen