Page:Doyle - La bataille de Sedgemoor, trad. Savine, 1911.djvu/285

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-Mais il s'agit de Marot, dis-je avec impatience.

-Il est à bord, dit Saxon. Il paraît qu'il a été révolté, indigné des cruautés qu'on a fait souffrir aux paysans après la bataille de Bridgewater. Comme c'est un homme de caractère assez sombre, assez farouche, sa désapprobation s'est traduite par des actes plutôt que par des paroles.

On a trouvé çà et là dans la campagne, des soldats tués à coups de pistolets ou de poignard, sans que leur agresseur eût laissé aucune trace.

Il y en a eu une douzaine au moins de traités de la sorte, et l'on en est bientôt venu à se dire tout bas qu'Hector Marot, le brigand de grand chemin, était l'auteur de tout cela et on s'est mis avec ardeur à sa poursuite.

-Bon, et après? demandai-je, car Saxon s'était interrompu pour allumer sa pipe au moyen de cette même vieille boîte de métal contenant un briquet dont il s'était servi lors de notre première rencontre.

Quand j'évoque en imagination Saxon, c'est presque toujours sous l'aspect qu'il avait en ce moment-là, alors que la lueur rouge éclairait sa figure dure, animée, au profil de faucon, et montrait mille petits plis et rides que le temps et le souci avaient gravés dans sa peau brune, hâlée.

Parfois, dans mes rêves, cette figure m'apparaissait sur un fond de ténèbres.