Page:Doyle - La bataille de Sedgemoor, trad. Savine, 1911.djvu/50

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À la faible et solennelle lueur, le tas de cadavres en avant de la grille, avec leurs membres tordus, leurs faces blêmes et contractées, avait un aspect fort mélancolique, des plus fantastiques.

La lumière du soir, passant par un des rares vitraux, qui n'avaient point été brisés, jetait de grandes taches d'un rouge vif et d'un vert livide sur l'amas de corps immobiles.

Quelques blessés étaient assis dans les stalles du premier rang ou gisaient sur les marches, demandant à boire d'une voix plaintive.

Aucun de ceux de notre petite troupe ne s'était tiré d'affaire sans égratignure.

Trois de nos hommes avaient été bel et bien égorgés; un quatrième gisait assommé.

Buyse et Sir Gervas avaient de fortes contusions, Saxon une entaille au bras droit.

Ruben avait été abattu d'un coup de gourdin et aurait été certainement massacré sans la forte trempe de la cuirasse donnée par Sir Jacob Clancing qui avait détourné un violent coup de pique.

Quant à moi, ce n'est guère la peine d'en parler, mais j'entendais dans ma tête des bourdonnements comparables au chant de la bouilloire d'une ménagère, et ma botte était pleine de sang, ce qui était peut-être un bienfait involontaire. Sneckson, notre barbier de Havant, ne cessait-il pas de me corner aux oreilles qu'après une saignée je ne m'en trouverais q