Page:Doyle - Le Capitaine Micah Clarke, trad. Savine, 1911.djvu/107

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-On ne les aperçoit pas encore, fis-je remarquer, pendant que nous montions sur une hauteur commode. Je suppose qu'ils doivent arriver par cette route dont les détours suivent la vallée en face de vous.

-Il y a deux sortes de mauvais généraux, dit Saxon, l'homme qui va trop vite et celui qui va trop lentement. Les conseillers de Sa Majesté ne seront jamais accusés du premier de ces défauts, quelques erreurs qu'ils puissent commettre d'ailleurs. Le vieux Maréchal Grunberg, avec qui j'ai fait trente-six mois de campagne en Bohème, avait pour principe de voler à travers le pays, pêle-mêle, cavalerie, infanterie, artillerie, comme s'il avait le diable à ses trousses. Il aurait pu commettre cinquante fautes, mais l'ennemi n'avait jamais le temps d'en profiter. Je me rappelle un raid que nous fîmes en Silésie. Après deux jours de marche dans les montagnes, son chef d'état-major lui dit que l'artillerie était hors d'état de suivre.

-Qu'on la laisse en arrière! répondit-il.

On abandonna donc les canons, et le lendemain au soir, l'infanterie était fourbue.

-Ils ne peuvent pas faire un mille de plus, dit le chef.

-Qu'on les laisse en arrière, dit Grunberg.

Nous voilà donc partis avec la cavalerie. Pour mon malheur, j'étais dans son régiment de pandours, après une escarmouche ou deux, tant