Page:Doyle - Les Réfugiés.djvu/294

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pouvait apercevoir la misaine, mais on ne voyait absolument rien du grand perroquet ni du foc. Le vent venait du nord-est, le brick se couchait, sous l’effort de la brise, jusqu’à permettre de toucher l’eau avec la main du côté sous le vent. Le second battait la semelle sur le pont, et ses quatre compagnons de quart grelottaient, accroupis, à l’abri du bastingage. Tout à coup, l’un d’eux se dressa debout et poussa un cri en tendant l’index en l’air, tandis qu’un énorme mur blanc sortait soudain de l’obscurité, à l’extrémité du beaupré ; au même instant, le navire reçut une secousse terrible qui brisa net les deux mâts comme deux roseaux secs, jetant sur le pont un enchevêtrement de cordages de toile et de débris de bois.

Le second avait failli être tué par la chute du grand mât, tandis que deux de ses hommes avaient été précipités dans l’ouverture du poste de l’équipage et qu’un troisième avait eu la tête fracassée contre la patte de l’ancre. Tomlinson se releva et courut sur l’avant pour voir toute la partie comprise entre les deux bossoirs, complètement enfoncée et tordue, et un marin se dépêtrant, avec des yeux ahuris, du milieu d’un fouillis de voiles en lambeaux et de pièces de bois déchiquetées. Il faisait noir comme dans un four, et tout autour du navire on ne distinguait que les crêtes blanches des vagues. Le second regardait avec désespoir autour de lui tout cet amoncellement de ruines quand, en se retournant, il se trouva face à face avec le capitaine Éphraïm Savage, à moi-