Page:Doyle - Les Réfugiés.djvu/358

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les femmes par leurs galanteries fanfaronnes, faire mettre en perce des barriques de vin sur la place publique en menaçant de brûler la cervelle à ceux qui refuseraient de trinquer avec eux.

Parfois même ils s’aventuraient dans des cités de l’importance de Charleston, se promenant dans les rues avec leurs armes au côté, au grand scandale des gens bien pensants de la colonie. De telles visites ne restaient pas toujours impunies. Ce fut au cours d’une de ces parties de plaisir que le lieutenant Maynard parvint à couper la tête de Blackbeard, et à la rapporter plantée au bout de son beaupré. En général cependant, les pirates pouvaient impunément brutaliser les citoyens, causer les pires excès, violenter les femmes, jusqu’au moment où il leur fallait regagner leurs navires.

Il y avait cependant parmi ces écumeurs des mers, un seul de ces bandits qui ne s’était jamais frotté à la civilisation ; c’était le sinistre Sharkey, le capitaine de l’Heureuse-Délivrance. Peut-être était-il retenu par son caractère solitaire et morose, peut-être – ce qui est plus probable – savait-il que son nom était sur toute la côte l’objet de l’exécration universelle et que, si jamais il laissait voir son visage dans une