du reste, est devenue chez moi une seconde nature. Ainsi vous avez paru surpris, lors de notre première rencontre, quand je vous ai dit que vous arriviez d’Afghanistan ?
— On vous avait probablement renseigné là-dessus.
— Nullement. J’avais vu que vous veniez de là-bas. Grâce à une longue habitude, l’enchaînement de mes pensées se fait si rapidement dans mon cerveau que j’arrive à la conclusion sans même me rendre compte des anneaux qui composent cette chaîne ; ils existent cependant. Tenez, prenons pour exemple la manière dont j’ai procédé à votre égard. Voici, me suis-je dit, un monsieur qui a l’air tout à la fois d’un médecin et d’un militaire. C’est donc évidemment un médecin militaire ; Il arrive d’un pays des tropiques ; car sa figure est toute brunie, quoique ce ne soit pas la couleur naturelle de son teint puisque ses poignets sont restés très blancs. Il a enduré de grandes privations et a été très malade, comme sa mine le révèle trop clairement. De plus, il a reçu une blessure au bras gauche, puisque ce membre semble raide et tout gêné. Quel est, sous les tropiques, le pays où un médecin militaire anglais a pu se trouver en proie à de réelles souffrances et avoir été blessé au bras ? cela ne peut être que l’Afghanistan. Tout cet enchaînement de pensées ne m’a pas pris une seconde ; c’est alors que je vous ai