Page:Doyle Chien des Baskerville.djvu/184

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— J’ai vu, de mes yeux vu, le commissionnaire qui lui apporte ses provisions. »

Je tremblai pour Barrymore, car c’était chose dangereuse que de se trouver à la merci de cet incorrigible bavard.

La phrase qui suivit me rassura.

« C’est un jeune garçon qui lui sert de pourvoyeur, ajouta Frankland. À l’aide du télescope que j’ai installé sur mon toit, je l’aperçois tous les jours, parcourant à la même heure le même chemin. Qui irait-il retrouver, sinon le prisonnier évadé ? »

Ce renseignement marquait le retour de la bonne fortune. Et cependant je ne l’accueillis par aucun témoignage d’intérêt.

Un enfant !… Barrymore n’avait-il pas affirmé qu’un enfant ravitaillait l’inconnu ? Alors Frankland se trouvait sur la piste de mon inconnu, et non pas sur celle de Selden ! Que de longues et pénibles recherches n’éviterais-je pas s’il consentait à partager ce secret avec moi !

Il me fallait jouer serré, feindre l’incrédulité et l’indifférence.

« Il est plus probable, repris-je, que c’est le fils de quelque berger de la lande qui porte le dîner de son père. »

La moindre velléité de contradiction mettait le vieil entêté hors de lui. Il me lança un mauvais regard et ses favoris gris se hérissèrent comme les poils d’un chat sauvage.

« Un fils de fermier !… Vraiment ? fit-il en désignant de la main la lande solitaire que nous apercevions