Page:Driant - L’invasion noire 3-fin de l’islam devant Paris,1913.djvu/150

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Serbie par la Nischawa et la Morawa bulgare, toujours précédée par les féroces Wahabites.

À ceux-ci venaient de s’ajouter les terribles irréguliers qu’on a vus renforcer les armées turques dans toutes les guerres et se signaler au monde par des cruautés sans nom : les bachi-bouzoucks ; marchant en enfants perdus, en avant et sur les ailes des armées noires, ne songeant qu’à piller et à massacrer, ils contribuèrent plus encore que les cavaliers de Saoud à faire le vide en Bulgarie.

Le cheik Senoussi était entré à Sofia sans qu’un seul instant les canons de l’ennemi et sa supériorité d’armement l’eussent arrêté. Il s’était borné à pousser devant lui ses masses fanatisées, brûlant les villages, massacrant les femmes et les enfants, terrifiant à l’avance les combattants et les avait vus se disperser dès que la lutte à grande distance avait pris fin. Il avait payé de trente mille morts à peine ce rapide succès.

Dans ce pays tourmenté d’ailleurs, les Noirs se répandant partout, apparaissant dans dix vallées à la fois, ressemblaient à ces loups qui sortent des bois pour chercher leur nourriture, et ils produisaient ainsi des effets de terreur et de surprise qui étaient grossis par des milliers de fuyards.

Mais si la Bulgarie avait été rapidement terrifiée et conquise, il n’en fut pas de même de la Serbie : nul peuple ne possède à un degré supérieur à celui-là l’orgueil national et l’amour de l’indépendance. Ayant toujours conservé l’espoir de former le noyau d’une grande confédération de la Slavie méridionale, les Serbes voulurent montrer à l’Europe qu’ils étaient dignes de la destinée rêvée.

Enserré entre l’Autriche, la Roumanie et la Bulgarie, ce royaume avait vu l’Autriche s’emparer de la Bosnie et de l’Herzégovine et avait dû renoncer à son rêve de mettre la main sur Salonique ; il s’était donc rapproché de la Russie et éloigné de l’Autriche ; mais le développement de leur commerce, de leur industrie dépendant en partie de cette dernière puissance, les Serbes avaient été obligés de revenir à elle, hésitant, dans les fluctuations de leur politique extérieure, entre la grandeur future de leur patrie et ses intérêts immédiats.

L’Invasion noire les obligea à être les premiers défen