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DEUXIÈME PARTIE
L’ISTHME DE SUEZ

i
Suez.

« Le désert ! l’horizon d’une morne rougeur ;
Prison sans murs, qui marche avec le voyageur ;
Point d’arbres, un sol noir, quelque vautour qui plane ;
L’hyène qui, de loin, guette lu caravane ;
Et parfois le simoun, horrible et furieux,
Soulevant l’Océan des sables jusqu’aux cieux
Ici rien n’aime l’homme et rien ne le redoute.
Rien ne distrait les yeux, rien ne charme la route ;
Cependant en ce lieu fatal et désolé
L’homme régnait jadis… Il s’en est exilé[1].

Telle était, — il y a moins de dix ans, entre Suez sur la mer Rouge et l’antique Péluse sur

  1. Cette langue de terre, disait, il y a quelques années, un écrivain célèbre, était autrefois vivifiée par la présence et l’industrie de l’homme ; mais elle ne présente plus aujourd’hui qu’une morne solitude qu’attristent encore