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L’ÉGYPTE ET LE CANAL DE SUEZ.

C’était en 1819, Méhémet-Ali voulant creuser un canal d’irrigation dans la branche de Rosette, entre le village d’Atfeh et Alexandrie, consacra plusieurs années à ce travail et y occupa trois cent mille fellahs. « Malheureusement on ne prit pour leur bien-être, et même pour leur subsistance, aucune des précautions qu’exige l’humanité. On négligea de former des approvisionnements de vivres sur les lieux ; l’eau manqua en vingt endroits sur l’étendue de vingt lieues que parcourt le canal. Puis l’excès de la fatigue, les mauvais traitements engendrèrent des maladies qui emportèrent les ouvriers par milliers. Dans l’espace de dix mois, il en périt douze mille dont les ossements gîsent sous les chemins de hallage qu’on a élevés des deux côtés du canal[1].

Une seule chose étonne, c’est que la mortalité n’ait pas été plus grande encore, alors que tant de négligence et tant de dédain pour la vie humaine avaient signalé ce travail.

Méhémet-Ali, dans la poursuite de ses vastes desseins, comptait pour peu les instruments qu’il

  1. Ces chemins de hallage ont été remplacés, il y a une dizaine d’années, par une belle route.