Page:Drohojowska - L'Égypte et le canal de Suez.djvu/126

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.
116
L’ÉGYPTE ET LE CANAL DE SUEZ.

employait. Et ce qui chez lui n’était que l’imperfection d’un esprit supérieur, dévouait chez les subalternes une cruauté froide et réfléchie. Les autorités chargées de l’exécution du canal imposaient aux malheureux paysans un labeur au-dessus de leurs forces. De l’aube du jour à la nuit close les ouvriers étaient au travail et la moindre négligence était aussitôt punie par des coups de bâton.

« Le canal Mahmoudieh fut fait. Il avait coûté cher : environ 7,500,000 fr., sans compter les hommes sacrifiés ; mais une grande pensée avait été réalisée ; un nouvel élément de prospérité était acquis à l’Égypte… »

Par malheur, le limon fertilisant que le Nil charrie en si grande quantité, ne tarda pas à obstruer le lit du canal, et quand Méhémet-Ali mourut, la navigation y était devenue singulièrement difficile.

Abbas-Pacha n’était pas homme à tenter une entreprise telle que le curage de cette importante voie de navigation : « le canal continua donc à s’envaser, et quand Mohammed-Saïd arriva au gouvernement de l’Égypte, le mal était devenu si grand qu’il fallait nécessairement y porter un remède immédiat, ou renoncer à utiliser désormais un ouvrage qui avait coûté tant