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L’ÉGYPTE ET LE CANAL DE SUEZ.

preuve de concorde et de conciliation était d’un heureux présage pour l’avenir.

Une des traditions les plus anciennes de l’Orient a pour objet d’éloigner le souverain du détail de l’administration, et c’est là peut-être la principale cause de l’état de décadence où sont tombées les nations asiatiques. Les abus d’autorité, les exactions de toutes sortes exercées par cette foule de fonctionnaires qui dépendent, il est vrai, du pouvoir souverain, lequel, à son gré, les nomme ou les révoque, mais dont les fonctions s’exercent sans contrôle et avec un arbitraire et une cupidité d’autant plus âpre, que le caprice de celui qui leur a donné leur emploi pouvant le leur retirer le lendemain, ils ont hâte d’assurer leur fortune ; voilà la plaie la plus profonde des sociétés musulmanes.

Mohammed-Saïd l’avait dès longtemps compris, et ce fut de ce côté que, dès son avènement au pouvoir, il porta toute son attention ; son premier soin fut de se mettre en contact direct avec ses sujets afin de faire profiter tous les rangs sociaux de ses bonnes intentions.

Pour cela il réforma entièrement l’organisation administrative, et voulu que non-seulement toutes