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Système actuel. — Taxes persistantes. — Circulation intérieure. — Initiative individuelle. — Rapports des préfets. — Travaux publics.


Le cri qui si souvent avait frappé les oreilles de Charles VI, de Henri III, de Louis XIV, de Louis XV, de Louis XVI : Du pain ! devait retentir sans relâche autour des hommes de l’Assemblée constituante, de l’Assemblée législative, de la Convention, du Directoire. En s’écroulant, le vieux monde léguait à la France l’héritage de la faim, dernier résultat d’une série de lois oppressives dont l’esprit étroit, égoïste, tracassier avait pénétré les mœurs et faisait corps avec elles, la manie de réglementation, qui est une maladie essentiellement catholique et latine dont nous ne pouvons arriver à nous guérir, en était venue au point de paralyser absolument l’initiative individuelle et d’entraver tous les rouages administratifs. Pour lutter contre l’apathie des populations, pour détruire leurs préjugés, pour mettre en mouvement des richesses qu’une longue et traditionnelle habitude rendait immobiles, les hommes nouveaux n’eurent qu’une volonté excellente et manquèrent de moyens pratiques. À ce moment où l’ère espérée va s’ouvrir, où la législation des subsistances va enfin, après tant de siècles, être débarrassée des liens qui la paralysent, quelle est la consommation annuelle de Paris et quels besoins va-t-il falloir satisfaire ? Le rapport de Lavoisier nous répondra[1].

Les 600 000 habitants de Paris consommaient alors annuellement : « 206 millions de livres de pain ; 250 000 muids de vin (mesure de Paris), équivalant à 670 000 hectolitres ; 8 000 muids d’eau-de-vie, équivalant à 23 440 hectolitres ; 5 850 000 livres de beurre frais, 78 millions d’œufs ; des fruits et des légumes

  1. Ce rapport ne donne que des chiffres ronds et n’a pu être composé sur des documents précisément exacts, comme ceux que l’administration municipale possède aujourd’hui.